Souvenirs d'anesthésie

(14 février)

La première fois que j'ai été anesthésiée, c'était en 1989. Pour mon anniversaire, j'ai été opérée des ligaments croisés.
En 2002, le 7 février, on m'a endormie pour réparer une "fracture spiroïde de la métaphyse tibiale inférieure gauche" et du péroné adjacent. L'anesthésiste m'avait demandé la veille si je préférais une anesthésie péridurale ou une générale. En salle de réveil, lorsque j'ai émergé, je me suis félicitée d'avoir choisi la seconde option: les radios en face de moi montraient deux os farcis de vis. Je me suis demandé si ça sonnerait aux portiques de sécurité, mais je crois que je n'ai jamais eu la réponse.
Presque deux ans et une grossesse plus tard (par un curieux hasard, le chirurgien était dans l'ascenseur le matin où je suis arrivée à la maternité), il a fallu enlever tout ce matériel médical. Je me souviens avoir attendu avec une personne plus âgée qui venait se faire enlever une vis dans le bras, et qui était arrivée toute maquillée. Evidemment, elle s'était fait gentiment tancer par l'infirmière: pas de maquillage sur la table d'opération. Ni de bijoux (en théorie; en pratique, je crois qu'on ne m'a jamais fait enlever ni me boucles d'oreilles, ni mon alliance). Rien, en fait, sauf la charlotte sur les cheveux. La chemise qu'on vous fait enfiler avant n'est qu'illusion: on vous l'enlève au bloc, avant de poser la perf'; je m'en suis rendu compte dès mes 16 ans, quand je me suis réveillée avec une chemise, certes, mais dont une manche (celle du bras perfusé) n'était pas enfilée... J'ai pu le vérifier ce jour-là.
Comme j'étais la dernière à passer sur le billard, l'opération étant probablement plus facile que les autres (ouvrir pour retirer du matériel demande, je suppose, moins de précision que de poser une prothèse de hanche), le médecin était pressé d'en finir. Je suis arrivée encore bien assez consciente pour qu'on me demande si j'étais d'accord pour qu'une élève infirmière me pose le cathéter. J'ai dit oui, parce que je ne suis pas sûre qu'il y ait mieux qu'un corps humain vivant pour s'entraîner. Elle a transpercé la veine (je ne lui en veux pas: un vaisseau sanguin, c'est tout petit, je ne sais pas comment on peut se rendre compte qu'on l'a traversé de part en part; et puis, à part un bleu, ce n'était pas très grave). A l'entrée au bloc, j'étais encore en pleine possession de mes moyens quand le chirurgien m'a dit que, pour gagner du temps, il allait commencer à m'installer. C'est-à-dire qu'il a plié vers le bas la jambe dont il n'avait que faire, et qu'il l'a attachée. Il faut le savoir, on vous attache, sur une table d'opération: c'est à cause des mouvements désordonnés qui peuvent se produire lors de la perte de conscience. Il ne faudrait quand même pas que le patient tombe!
Ensuite, je me souviens juste avoir entendu une voix féminine dire que j'avais froid. Et on m'a posé sur le ventre, à même la peau (et donc, on en a profité pour m'enlever ma chemise), une espèce de matelas gonflable. Je ne sais pas comment ce truc était censé me réchauffer, ni s'il l'a vraiment fait: je me suis endormie avant.

A l'heure où vous lirez ces lignes, je serai peut-être encore ligotée sur une table d'opération, la tête renversée en arrière (l'anesthésiste m'a prévenue que je risquais d'avoir mal au cou, au réveil, à cause de cette position). Ou alors, je serai en train d'essayer de me libérer des bras de Morphée.
En tout cas, vous comprendrez que, après ce billet programmé, il puisse y avoir un délai de quelques jours avant ma réapparition sur la blogoshère.

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4 Commentaires:

At 6:14 PM, Anonymous Dr. CaSo a bien voulu donner son avis...

Bon courage, j'espère que tout se passe bien!!!

 
At 8:27 AM, Blogger Bellzouzou a bien voulu donner son avis...

courage et bises à toi.

 
At 9:22 AM, Blogger Pascale a bien voulu donner son avis...

Plein de pensées positives, et à bientôt!

 
At 2:20 AM, Blogger Tilia a bien voulu donner son avis...

Pensées compatissantes, ce n'est jamais drôles de se retrouver sur une table d'op' mais il n'y a aucune raison de te faire du souci. Ce genre d'intervention ne comporte quasiment aucun risque.
Bon rétablissement après le gros dodo, et à bientôt

 

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