Madame Saouter

(9 décembre)

J'ai eu la chance de faire mon primaire à Paris sous l'ère Chirac au tout début des années 80. C'était vraiment une chance d'être scolarisé à Paris, à cette époque, parce que nous bénéficiions d'intervenants extérieurs qui soulageaient les maîtresses un peu faibles en chant ou en sport. Entendons-nous: j'ai aussi eu des maîtresses très capables de nous apprendre des chants intelligents (à la mort de Brassens, par exemple) ou de nous faire danser. Mais la mairie payait aussi des professionnels pour nous apporter plus encore. C'est ainsi que j'ai pu voir mon prof de sport de primaire tenter de se qualifier pour représenter la France à la perche aux JO (de Los Angeles, probablement).
Monsieur Desmet (je suppose que c'est ainsi que ça s'écrit, même si nous disions "des smettes") nous a donné pendant plusieurs années des cours de dessin.
Et Madame Saouter nous donnait des cours de musique. Tout ce que je sais en musique, ou presque, c'est elle qui me l'a appris. Elle n'était pas nécessairement très aimée, les plus grands chahutaient à la chorale, mais elle a eu à coeur de nous faire découvrir bien des choses, et des choses bien. C'est grâce à elle que je peux me vanter d'avoir chanté à l'Opéra Comique (et ma soeur à la Bastille, et costumée, en plus!). C'était un opéra pour enfants de Benjamin Britten, dans lequel le public était censé reprendre une partie des chants interprétés sur scène. Nous autres enfants des écoles de Paris étions donc ce public savant et entraîné à chanter depuis les baignoires.
C'est Madame Saouter, aussi, qui a ancré à jamais dans ma mémoire les noms des notes et les rythmes (sau---teuh noire! double croche double croche noire! tri-o-let noire!). C'est peut-être grâce à elle, au fond, que je ressens si bien la musique des alexandrins... Mes professeurs de collège n'ont rien ajouté à son solfège, et auraient même eu tendance à me faire désapprendre ce que je savais. En tout cas, si je réussis parfois à déchiffrer des partitions de piano pour les jouer, c'est surtout grâce à elle (même si je dois les demi-tons qui permettent de reconnaître les notes sur un clavier à mon professeur de sixième).
Aujourd'hui, je peux dire que c'est grâce à Madame Saouter que je suis capable d'aider Numérobis à réviser son solfège. Je regrette juste qu'elle ne nous ait pas, comme aux élèves de l'autre école où elle intervenait, appris à jouer de la flûte: je ne peux pas aider mon fils à jouer ce qu'il lit.

Libellés : , , ,

3 Commentaires:

At 6:10 PM, Anonymous Dark_Chii a bien voulu donner son avis...

Franchement, j'ai éclaté de rire, parce que le "sau-teuh noire ! Double croche - double croche noir !", c'est exactement mon souvenir aussi !
Et je suis d'accord avec toi pour dire que c'est elle qui m'a le plus marquée dans ma scolarité musicale ;)

 
At 2:13 PM, Blogger Nanouk a bien voulu donner son avis...

Oui, pareil!!!
J'ai exactement le même sentiment de n'avoir eu finalement qu'un seul prof qui m'ait appris la musique: elle.

 
At 11:22 PM, Anonymous Mamanlit a bien voulu donner son avis...

la découverte de la musique ce fut à 5 ans avec le boléro de Ravel écouté par mon père....et le piano de 6 à 20 ans... étonnement, votre double croche- double croche noir, me parle :-)

 

Enregistrer un commentaire

<< Home